Retrouvez ici mon intervention sur le burn out sur Radio France Bleu dans l'émission "Vivement demain" présenée par Eglantine Emeyé.
Un grand nombre de mes patients vient me consulter pour des symptômes qui ressemblent à ceux du burn out ou bien parce qu'ils sont en véritable burn out.
Aujourd'hui, environ 20% des cadres en entreprises ont connu un épisode de burn out dans leur carrière.
Le burn out semble être le mal du siècle. Des dîners en ville aux consultations chez le médecin généraliste, on ne parle que de cela.
C’est à croire que le fait de n’être pas touché ou de ne jamais avoir été touché par le burn out traduirait chez beaucoup un flegmatisme à la limite de l’amateurisme ou de la paresse.
Il semblerait pourtant que le malheur professionnel n’ait jamais été aussi prégnant. La souffrance est palpable et elle concerne toutes les strates de l’entreprise, de l’employé au cadre dirigeant.
Le coût humain de cette souffrance au travail devient de plus en plus élevé. Le nombre de suicides en entreprise est régulièrement médiatisé et devient une arme politique. Grandes entreprises, banques, personnels soignants, médecins, personne ne semblent être épargnés par ce mal du siècle.
Mais c’est peut-être le coût financier de cette souffrance au travail qui permettra aux différents responsables en entreprise de prendre la vraie mesure de ce phénomène et de mettre en place les bonnes actions, car le burn out coûte cher. La souffrance répétée crée un désinvestissement face au travail. Au lieu d’être un repère structurant et valorisant, le travail devient alors une source d’ennui et génère la désespérance. Aller au travail perd tout son sens, en dehors de l’obligation de gagner sa vie. Le salarié petit à petit se désengage, et à partir du moment où il atteint le niveau de souffrance caractérisé par le burn out, il devient totalement inapte à la production, et ce pour de longs mois.
Mais qu’est-ce vraiment qu’un burn out, notamment par rapport aux autres pathologies ? Reconnaitre les signes précurseurs du burn out peut vous aider ou aider vos collaborateurs avant qu’il ne soit trop tard, c’est à dire avant que le processus de rétablissement nécessite des mois, voire des années.
L’idée commune du burn out
Dans l’idée commune, un burn out est caractérisé par le fait de travailler trop et de craquer à un moment donné. Le cerveau n’est plus capable de fonctionner normalement parce qu’il a été trop sollicité, et laisse à un moment donné la personne sans ressource et impuissante. Ceci est la face visible de l’iceberg et il me semble nécessaire de comprendre ce qui s’est passé avant pour pouvoir en arriver là.
Qui peut être concerné ?
Dans le principe, tout le monde peut être touché par un burn out. Cependant, ce syndrôme concerne essentiellement des personnes très intéressées et motivées par leur travail, ce qui les rend incapables de détecter les signaux faibles de leur épuisement grandissant.
Ce n’est pas la pression externe qui mène au burn out, mais le fait d’être volontairement impliqué dans un travail avec qui l’individu a un lien fort, parce qu’il y ait attaché, et pas uniquement pour des raisons économiques, mais parce qu’il est investi d’un sens à ses yeux.
Les principaux signaux caractéristiques
Edelwich et Brodsky, deux auteurs dont les travaux sont précurseurs concernant le burn out, décrivent ce syndrome comme un processus dynamique.
Au-delà d’un épuisement professionnel, ils soulignent bien le fait que le burn out résulte surtout de frustrations croissantes par rapport à l’expérience de la réalité.
Les différentes étapes du burn out qu’ils décrivent sont les suivantes :
La première est celle de l’enthousiasme, caractérisée par des ambitions hautes de l’individu, voire démesurées par rapport à la réalité. Il est très enthousiaste et plein d’espoir par rapport aux tâches à accomplir, qui ne lui font pas peur.
La deuxième est celle de la stagnation. Elle apparaît quand l’enthousiasme se tarit significativement. Alors que lors de la première phase, les objectifs des autres (ou des clients) étaient très proches de ceux de l’individu qui travaillait avec eux, dans cette deuxième phase, l’individu se recentre sur ses objectifs personnels, qui ne paraissent plus du tout si aisés à atteindre. La question de la rémunération (et de son adéquation avec le travail accompli) et celle du temps passé (qui s’allonge considérablement) reviennent sur le devant de la scène.
La troisième phase est celle de la frustration. Elle croît avec le sentiment d’impuissance. Les objectifs ou le sens de la mission semblent de plus en plus inatteignables, tandis que les récompenses perçues par rapport au travail fourni sont de plus en plus en décalage.
A ce stade apparaissent clairement l’épuisement, l’irritabilité, l’hyper sensibilité, ainsi qu’une diminution des capacités cognitives etc…
Lors de la quatrième phase, celle de l’apathie, l’individu se désengage progressivement de son travail, à la fois physiquement et émotionnellement. Les interrelations avec les autres sont évitées. L’individu est de plus en plus détaché émotionnellement et cynique. Le burn out est caractérisé.
On comprend bien, grâce à cette description, le lent processus qui va de la motivation très forte à la désillusion, au sentiment d’impuissance, à la frustration et au désengagement. Ce désengagement peut parfois apparaitre totalement subi, l’individu se trouvant incapable physiquement de se rendre sur son lieu de travail tant il a épuisé ses ressources. Il faut voir l’état des personnes réellement touchées par un burn out pour comprendre ce qui se passe. On en ressort justement avec le sentiment de ne pas comprendre ce qui a pu se produire pour arriver à un tel état…
En synthèse :
Le burnout professionnel semble se développer lorsque les gens ont une image idéalisée d'eux-mêmes, se percevant comme hautement compétents, et qui finissent ainsi par perdre la connexion avec leur vrai moi.
Ils se voient comme des êtres charismatiques, dynamiques, aux ressources inépuisables et extrêmement compétents.
Pour conserver cette image, ils ont recours à des stratégies inadéquates, qui épuisent leurs réserves émotionnelles.
Les signaux précurseurs :
Quelles solutions ?
Malheureusement, il n’y a pas de solutions toutes faites pour remédier au burn out.
En revenir est un travail au long cours qui oblige l’individu à réorganiser sa vie et l’agencement de ses priorités.
Le burn out est le signe que les ressources de l’individu se sont taries et doivent être reconstruites, ce qui nécessite du temps et une réflexion sur les priorités individuelles.
Un accompagnement par un médecin psychiatre est nécessaire pour évaluer l’opportunité d’une prise en charge médicamenteuse et son adaptation dans le temps. En parallèle, la mise en place d’un travail thérapeutique permettra de résoudre les difficultés de fond de la personne, et lui donner toutes les chances de ressortir plus fort de cette épreuve.
Je suis à votre disposition pour vous accompagner le cas échéant, en lien donc avec les autres professionnels de santé compétents.
Vous pouvez retrouver mon itv sur le burnout à la 30ème minute de l'émission télé Smart Job sur Smart TV en cliquant ici.
Vous trouverez ici un questionnaire d'autoévaluation intéressant et sérieux sur le burn out, pour vous aider à savoir où vous en êtes: